1. |
Quand j'étais ti-cul
02:28
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QUAND J'ÉTAIS TI-CUL
Quand j’étais ti-cul
La mère à Pierre était connue
Pour son petit-cul
Ses deux petits seins ce n’était pas laid
Comme des coussins sous son gilet
Quand j’étais ti-cul
La mère à Pierre était connue
Dans toute ma rue
Puis pour son caractère
Pierre ! ton père t’a déjà dit de ne pas prendre le bicycle à ton frère !
Pédale Couture pédale !
Moi puis Couture
On pédalait à toute allure
Ça n'a pas d’allure
En green machin ou en big wheel
Devant les voisines à Beauceville
Moi puis Couture
On paradait ça n’avait d’allure
Pour les coutures
De nos pantalons
Pierre ! ton père t’a déjà dit de ne pas fendre les culottes à ton frère !
Détale Couture détale !
Avec les chums
On s’achetait de la gum à la tonne
De la bubble gum
Qu’on gonflait dans le dos de la maîtresse
Quand elle parlait au prêtre à la messe
Avec les chums
On s’achetait de la gum à la tonne
De la bubble gum
Chez Charlie dépanneur
Pierre ! ton père t’a déjà dit que si tu fais ça tu vas aller drette en enfer !
Avale Couture avale !
Après l’école
On décortiquait les Playboys
La gang de de boys
Dans la cabane à trois étages
Dans la plantation avec attention
Après l’école
Avec les boys
On décortiquait les Playboys
Les boys attention !
Pierre ! ton père t’a déjà dit de ne pas prendre les Playboys à ton grand-père !
Vénal Couture vénal !
Quand j’étais ti-cul
La mère à Pierre était connue
Pour son petit-cul
Ses deux petits seins ce n'était pas laid
Comme des coussins sous son gilet
Quand j’étais ti-cul
La mère était connue
Dans toute ma rue
Puis pour son caractère
Pierre ! ton père t’a déjà dit de ne pas mettre
de la musique de pervers !
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2. |
Tout le monde
02:29
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TOUT LE MONDE
Tout le monde dit qu’il faut que ça change
Mais tout le monde il ne faut pas que ça le dérange
Augmente les frais de scolarité
Mais ne touche pas à ma sécurité
Tout le monde s’interroge au ministre
Pourquoi la dette moi je m’administre
Sur Mastercard ou sur Visa
D’un mois à l’autre vice et versa.
Tout le monde est pour le plan nord
Mais tout le monde est contre le plan nord
Tout le monde aime l’écologie
Mais tout le monde aime l’économie
Tout le monde ne va jamais chez Walmart
La fin de semaine loader sa carte
Mais tout le monde reçoit un jour son compte
Je suis allé chez Walmart en fin de compte.
Tout le monde trouve qu’il ne fait pas beau
Mais tout le monde trouve qu’il fait trop chaud
Tout le monde dénonce les enveloppes brunes
Tout le monde jusqu’à ce qu’il en reçoive une
Tout le monde a au moins dit une fois
Que chez PFK ils servent du chat
Bien tout le monde est allé deux ou trois fois
Chez PFK manger du chat.
Tout le monde au Lorchard en voyage
Quand il s’en revient de la plage
À la marche trouve que les Amerlos
Sont civilisés en auto
Ils laissent passer tous les piétons
Même quand ils s’amènent en peloton
Mais tout le monde revenu au Québec
Oublie de se servir de ses breaks.
Tout le monde est grayé pour l’hiver
À deux mille piastres chez Atmosphère
Mais tout le monde reste à l’intérieur
Il fait trop fret à l’extérieur
Sauf le clochard qui vit dans la rue
Il s’habille à l’Armée du Salut
Il passe la nuit dans le conteneur
Il ferait bien mieux de se lever de bonne heure.
Tout le monde s’est au moins dit une fois
En écoutant cette petite toune-là
Tout le monde peut-être et bien pas moi
Je n’ai jamais dit ou bien fait ça
Tout le monde pourrait y ajouter
À la chanson un petit couplet
Tout le monde qui l’écoute une fois
L’écoutera au moins une autre fois.
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3. |
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MAUDIT QUE TOUT EST RENDU CHER
Ma belle auto mes deux motos
Mon spacieux winnebago
Mon VTT mon gros bateau
Mon tout nouveau ski-doo
Maudit que le gaz est rendu cher
Reste plus d’argent pour moi mon cher !
Le gros condo sur le plateau
Le petit château au bord de l’eau
Dehors un spa sur chaque patio
Dedans la climatisation
Maudit que l’Hydro est rendue cher
Reste plus d’argent pour moi mon cher !
Un sac à dos pour mon ado
Un nouvel appareil photo
Un manteau neuf pour qu’il soit beau
En haut du Kilimandjaro
Maudit marmot qui me coûte trop cher
Reste plus d’argent pour moi mon cher !
Les deux kilos de gros lolos
Offert à Noël en cadeau
À ma si bien-aimée Mado
Le tout dernier de mes joujoux
Maudit que les jos sont rendus chers
Reste plus d’argent pour moi mon cher !
Mon stylo lourd comme un lingot
Mon vélo lourd comme un plumeau
Le fond de mes poches pour le loto
Et le bingo pour mes impôts
Maudit que tout est rendu cher
Reste plus d’argent pour vous mes chers !
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4. |
À donner
02:45
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À DONNEr
À donner !
À donner !
À donner ton hiver
À donner ses bancs de neige
À seize heures il fait noir
Il ne fait pas clair à sept heures
À donner l’ours polaire sur la banquise à la dérive
À donner la tôle qui décolle de la vieille grange qui chambranle
À donner ton vieux ski-doo bien non bien non il est à vendre.
À donner !
À donner !
À donner ton attic
À donner ton antique
Ton Antocostie
Ton sous-sol aussi
À donner ton nord coffre-fort et tout son or qui s’endort
De l’aurore vestale boréale à l’horreur spirale vespérale
À vendre ton grand nord bien bien non il est à donner.
À donner !
À donner !
À donner tes couleurs
À donner ta parlure
À donner la p’tite grenouille
Dit au crapaud
Passe-moi trente sous
Pour mes impôts
À donner les lettres qui te restent dans ta soupe analphabète
Anal nathrak uthvas bethud do che-ol di-enve
À donner ton vieux Larousse bien non bien non il est à vendre.
À donner !
À donner !
À donner ta sisique
À donner tes paroles
À donner tes chansons
À donner tu es chanceux
À donner À donner Dans les basses terres Pogné su’l pont
Moi pis ma blonde sur La 73 bien Des poteaux Made in Québec
À donner tous tes cd bien non bien non ils sont à vendre
À vendre tes chansons bien bien non elles sont à voler.
À donner !
À donner !
À donner ta gazette
À donner tes jasettes
Sur les starlettes les athlètes
La presse pis ça presse
Ton Journal de Québec
Ton journal d’épinettes
Ses rubriques de recettes
Comment maigrir sans grossir et vieillir sans s’enlaidir
Comment raidir sans jouir sans ramollir sans faillir
À donner The Gazett bien non bien Je me torche avec
For give The Gazette well no well it’s for the bécosses
Comme dans le bon vieux temps .
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5. |
Un maudit beau char
03:08
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UN MAUDIT BEAU CHAR
T’es belle Ginette
T’es fine Ginette
T’es bonne Ginette
T’es drôle Ginette
Mais ma belle fine bonne drôle Ginette
J’aime quelqu’un d’autre…
Je travaille fort en maudit
De minuit à midi
Du lundi au samedi
Dans une petite imprimerie
Mais samedi ce n’est pas pareil
Samedi ça me le dit
Je ne compte pas les heures
Que je flatte ma merveille
Un maudit beau char
Faut que ça sente le neuf
Faut que ça flash du dash
Jusqu’aux quatre gros pneus.
Je vis sur le crédit
Pour payer mon Audi
À moins dix piastres de l’heure
Chez Canadian Tire
Un tout nouveau muffler
Une paire de haut-parleurs
Tout à l’heure à cent à l’heure
Je ferai crisser mes tires
Un maudit beau char
Ça sert à ça
À brûler l’asphalte
Comme on flaube cent piastres
J’habite dans un taudis
Avec ma petite lady
Je la sors le vendredi
Jusqu’à passé minuit
Ma pouliche à quatre roues
Ferrée pour la grande route
Ensemble on fera tout tout tout
Ou bIen plus rien pantoute
Un maudit beau char
Puis pas compliqué
Si nous rentrons tard
Pas besoin de s’expliquer
Tout le monde m’applaudit
Lorsque je resplendis
Et s’il y’en a qui rient
Je leur fais un beige dans face
Ils pâtissent sur la terrasse
Ils prient le Saint-Esprit
Quand du bout de la Main
Ils voient que je me ramène
Un maudit beau char
Ça coûte cher
Avec mon salaire
Mais ça me fait avoir de l’air
Un maudit beau char
Ça sert à ça
Ils mangeront un char
S’ils n’aiment pas ça.
Je suis au paradis
Quand mon corps se raidit
À cent quarante à l’heure
Sur le bord de la peur de la mort
Quand passé la grande ligne
Dans le croche à Béring
Nous ne faisons plus qu’un
Toi et moi et le fourgon
C’est un maudit beau mort
Dans son corbillard
Si tu veux voir son char
Ils l’ont remorqué au gaz-bar.
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6. |
Les poteaux
03:54
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LES POTEAUX
Dans mon comté
L’éctricité
Ne passe plus entre moi
Et le député
Il n’est pas mauvais
Presque parfait
Il n’est pas trop snob
Et il fait la job
Mais je suis dû
Pour du changement
Il a fait son temps
Qu’il fasse du vent
Et puis la vague
Qui déferle
M’embarque
Tout avec elle
Je suis lassé
Je veux le remplacer
Par un nouveau
Je vais planter un poteau
Un poteau avec sa photo
Sur un panneau sur un poteau
Un panneau avec des écriteaux
Avec une photo sur un poteau.
Il ne parle pas français
Personne ne le sait
Y’est jamais venu
Et ça non plus
Dans mon compté
Sait-il compter ?
Peut-on compter
Sur son honnêteté ?
À peine élu
L’hurluberlu
Prend des vacances
À Las-Végas
Mais il n’est pas laid
Sur le prospectus
Et ça me plaît
Il ne m’en faut pas plus
Il faut suivre la horde
Et si l’on nous nargue
On peut prétexter
Qu’on s’est un peu excité
Pour un poteau avec sa photo
Sur un panneau sur un poteau
Un panneau avec des écriteaux
Avec une photo sur un poteau.
Quatre ans au rythme
Des régions
Ça ne passe pas vite
C’est un peu long
Mais entre le salon
De la maison
Et le salon
Chez Manon
Il reste le train-train
Quotidien
Et le train
Tous les samedis matins
Pour toi ma chérie
Le bingo
Pour moi mon chéri
Les gogos
Une érection
Avant l’élection
C’est assez pour oublier
Pourquoi pour qui que j’ai voté
Un poteau avec sa photo
Sur un panneau sur un poteau
Un panneau avec des écriteaux
Avec une photo sur un poteau.
Et au scrutin
Le mois prochain
J’enverrai paître
Ce crétin
Et j’irai voir
Au dictionnaire
Des poteaux
Si y’a un poteux
Pas trop pucké
Pas trop fucké
Juste assez
Pour que j’aille voter
Une bête de cirque
Un humoriste
Un repris de justice
Récidiviste
Tant qu’à sortir
Pour rien
J’aime mieux élire
Un vaurien
Un poteau avec sa photo
Sur un panneau sur un poteau
Un panneau avec des écriteaux
Avec une photo sur un poteau.
Et si ces totos
Sont tous pris
Si de poteaux
Il y a pénurie
Un coup mal pris
Et à bas prix
Paraît qu’y en a
À Donnaconna
Ils sont frais amerris
De la mairie
De Montréal
Et de Laval
En dedans
Et pour au moins dix ans
Ils feront leurs temps
Avant le printemps
Il faut recycler
Cette racaille
De canailles
De rien qui vaille.
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7. |
Made in Québec
03:05
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MADE IN QUEBEC
L’autre matin je me réveille
Au lendemain d’une nuit
Qui m’a porté conseils
À partir d’aujourd’hui
Je ne consommerai
Quel embarras du choix
Que des biens des denrées
Qui sont biens de chez-moi
De la poutine à cantine
Des mots de mon patois
Et du pâté chinois
À cabane des bonnes beans
Des produits québécois
Made in Québec
Mon coloc m’a demandé
Où est-ce qu’il est le pile-patates
Perdu ! On tire aux dés
C’est moi qui s’est fait battre
Et au Dolorama
C’est l’embarras du choix
Mais qui ne le sait pas ?
Tout est made in China.
Ici, même les réguines
Nous proviennent d’outre-mer
Je laisse faire les pommes de terre
Je vais me pogner une copine
Je vais cruiser la caissière
Made in Québec
Je l’invite au resto
À roulotte à patates
La caissière du dolo
Celle que je convoite
Au menu je dénombre
Quel embarras du choix
Des petits plâts en grand nombre
Bien de chez moi pour une fois
Je prends la crêpe à l’érable
Il faut croire qu’ils m’haïssent
Devant moi sur la table
Du sirop de maïs
Je crie à l'injustice
Ostie de criss de calice
Made in Québec
À matin je me réveille
Quelle nuit cauchemardesque
Une question m’effraye
Se peut-il est-ce que ?...
En notre Québec adoré
On a l’embarras du choix
Que des biens des denrées
Qui sont made in China
C’est avec empressement
Que je conclus que non
Et pour preuve cette chanson
Que je finis classiquement
Passez-moi l'expression
Made in Québec Escusez-la !
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8. |
Le traitement
04:39
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LE TRAITEMENT
J’avais un char bien magané
Il roulait encore mais j'étais tanné
De le mettre en pièces démontées
De le mettre en caisse pour le remonter
Je l'ai parké sur un boulevard
Je l’ai plaqué à Montréal-Nord
La cour à scrap du recyclé
Deux trois soupapes un porte-clés
Mon vieux bazou ma vielle Accord
Tu as fait partie de mon décor
Pendant quinze ans de nos jours c’est rare
Je t'ai traité à la finale
Comme un vieil amas de ferraille
J'avais un chum je l'aimais bien
On le traitait de bum de bon à rien
Ça le tuait juste à petit feu
Depuis qu'il était juste un petit morveux
Un jour il me dit j'en ai assez
Je n'ai pas compris je l'ai laissé
S'enfermer saoul dans sa chambre
S'enfermer seul c'était pour se pendre
Mon vieux filou tu n’étais pas mort
Que j'avais déjà des remords
Qu'il était déjà un peu trop tard
Je t'ai traité comme rien qui vaille
Alors que tu étais un ami de taille
J'avais une blonde tellement gentille
Qui aimait tout le monde même les autres filles
Mais dans la rue quand elle marchait
Sans retenue on la narguait
J'ai été lâche et j'ai flanché
Je l'ai lâché je me suis caché
Sans même oser lui annoncer
J'en ai la nausée elle aussi
Ma belle Gazou je t'aimais encore
J'ai su trop tard que tu avais du retard
Ou bien c'était pour mon confort
Je t'ai traité à la finale
En traître et en déloyal
Et toi papa qui avance en âge
Qui n’a pas toujours été un ange
Mais qui en père s’est tenu debout
Et qui en perd des petits bouts
Dois-je te caser avant ton heure
M'acheter la paix et le bonheur
Te placer peinard dans un foyer
Me camper veinard dans ton loyer
Mon vieux j’en ai des haut-le-coeur
Juste d'y penser le triste sort
Comme si tu étais déjà mort
Je ne te traiterai pas à la finale
Comme si tu étais en terminal
Demain tu prendras le volant
De mon Accord comme avant
À reculons vers le couvent
Mon vieux filou les pieds devant
Nous le quitterons mille rêves en
Tête au matin d’un soleil levant
Ma belle Gazou les cheveux dans le vent
Entre nous deux un petit enfant.
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9. |
Dans les basses terres
03:45
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DANS LES BASSES TERRES
Je ramasse de la roche
De la roche à tonne
À pioche et je la garroche
Dans le tas de fardoches
De la mi-mai à l’automne
C’est tout ce que me donne
La terre du lopin que je moissonne
Et deux trois poches
De Macintosh
Dire qu’à Terrebonne dans les basses terres
On y cultive des potagers
Le sol est riche pourquoi le taire
De quartiers de maisons en rangées.
Je sème mon grain
Mon grain avec entrain
Pour mes bovins
Mais je sais bien
Qu’il n’en sortira rien
J’ai mal aux reins
Du chagrin et surtout bien des emprunts
Je n’ai plus d’argent
Pour les pots-de-vin
À La Prairie dans les basses terres
Les contractants-spéculateurs
Morcellent le sol agricole
Sont presque rendus à Lacolle.
Et quand l’orage
Sans ambages saccage
Mon ouvrage
Qu’un marécage
Enclave mon pâturage
Sur le rivage
J’envisage un virage
Un long voyage
Un paysage sans nuages
Car à Neuville dans les basses terres
Ils vont semer en plein décor
Agricole un aéroport
Pour qu’il pousse des hélicoptères.
Ma femme est morte
Mes voisins ont migré en cohorte
L’aîné de mes fils
S’en va prendre la porte
Si je l’exhorte
À genoux de me prêter
Main-forte
Le vent l’emporte
Et il colporte
Qu’à Bécancour dans les basses terres
La terre est grasse le sol est riche
Au détriment des pommes de terre
On y cultive les gaz de schistes.
Avant-hier
Tout mon troupeau
De vaches laitières
Et ma chaumière
J’ai vendu aux enchères
Avant le cimetière
Je m’en vais planter
Mes choux à La Pocatière
Je déménage
Dans les basses terres
Et à l’hospice dans les basses terres
J’apprends qu’un riche propriétaire
Fait dézoner toutes mes terres
Il est connecté au ministère
Pour y extraire à ciel ouvert
De la clairière toute la pierre
Pour le pavage des basses terres
Et demain de toute la Terre.
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10. |
Bonne année de congés
03:18
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BONNE ANNÉE… DE CONGÉS
Bonne année… de congés
Au jour de l’an j’ai résolu
De me donner un élan
De défoncer à tous les jours
De l’an de congés fériés
Il est révolu le temps
De l’over à contrecœur
Je vais puncher à quatre heures
Commencer à me grouiller
Quand je m’en irai veiller
Après avoir travaillé.
Le quatorze février
Il faudrait voter un congé
La fête des petits cœurs en chocolat
Mais vu qu’il n’y en a pas
En attendant ma chérie
Je prends congé avec toi
Un bed-in en bédaine
Ou ben donc en bedon
En bas de laine sous l’édredon
On va se dorloter la couenne
Bedondaine la redondaine.
Bonne année… de congés
À Pâques à shop
La négociation achoppe
À savoir si je devrai
Concéder la victoire
Mais la puck à job
Au patron je la dérobe
C’est à mon tour de scorer
Je prendrai mon vendredi
Mon week-end aussi
Mon lundi un coup parti
La semaine fin de la partie :
Et c’est le but
Marqué sans aide
Par JoBlo
Après vingt ans
De négo
De prolongation
De négro
Chez Lobelaw.
Aux alentours du vingt mai
C’est la fête de la Reine
Ou la fête à Stephen
De toute façon ça revient au même
Ou la fête de Dollard
Ou celle des patriotes
Ou la fête des dollars
Faut que je me reprenne
Il y a une semaine
C’était la fête des Mères
Et pis tant qu’à faire asteure
Que j’ai eu ma paye
Dans un mois la fête des Pères
Fac on va chez Home hardware
Bonne année… de congés
Le vingt-quatre de juin
On va se rouler un petit joint
Un petit feu de foin de joie
Avec une vingt-quatre
Ou ton drapeau en berne
Il reste juste une semaine
Avant la fête du Canada
Au golf avec ton candidat
Pour renouveler un contrat
L’auras-tu l’auras-tu pas
Il s’élance c’est un birdie
Happy birthday Canada
Bon été… de pelletées
À la fête du Travail
Une question me travaille
Ce n’est pas parce qu’on est en congé
Qu’on ne peut pas philosopher
La lutte à TV
C’est-tu vrai c’est-tu pas vrai
Ben regarde donc bout du calice
Je ne suis pas certain
Mais il me semble
Que c’est la fête à Maurice
Le premier jour de septembre
M’a monter à Magog
Le demander à Mad dog
À l’Action de grâce
Je m’en vais exiger A
Une dinde bien grasse
Mais il n’y a plus hélas
Ce n’est pas grave
Je suis fin prêt pour la chasse
À la dinde sauvage
Mon fusil sur mon pied
En attendant que ma proie
Sorte du bois le maladroit
Le coup est parti tout seul
Me voilà pris jusqu’à Noël
En béquilles un trou dans le pied
Hip hip hip hourra
Un bon deux mois de congé.
Pour aller magasiner
Des bébelles pour ma belle
Des petits plats cuisinés
Des bouboules de Noël
De la dentelle en ribambelle
Des galettes à la cannelle
Arrivé au Boxing Day
Me voilà tout épuisé
Oyez mon diagnostic
Je suis dû pour un sabbatique
Une année de congé.
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11. |
Pogné sur le pont
02:26
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POGNÉ SUR LE PONT
Ça râle
Ça chiale
Tout le monde tout seul
Dedans son char
Pogné sur le pont
C’est encore
Un chiard
À matin
Un tintamarre
De criards
De gériboire de maudit taboire
Et demain
C’est certain
Je rentre à Québec
Je rentre à Québec à bicyclette.
Ça me frôle
L’épaule
La tôle des bagnoles
Sans crier gare
Sur le boulevard
C’est encore
Un chiard
À matin
Ils seront en retard
Je serai blafard
Laissé pour mort sur un trottoir
Et demain
C’est certain
Je rentre à Québec
Je rentre à Québec sur mes deux pattes.
Ça roule
En foule
Dans la flaque de gadoue
Je ne t’avais pas vu gardonc
Qu’est-ce-tu veux coudonc
C’est encore
Un chiard
À matin
Trempé à l’os
Les pieds dans la slush
Des deux galoches à la caboche
Et demain
C’est certain
Je rentre à Québec
Je rentre à Québec avec un ticket.
Ça file
En ligne
Drette jusqu’à Québec
Ça break ça part sec
Mais ça je peux vivre avec
C’est un charme
Enfin
À matin
En autobus au travers
Du tapon de chars
Pogné sur le pont
À matin
C’est certain
Je fais mes adieux aux collègues
Du bureau et je rentre à Québec
Dès demain
C’est certain
Sur une banquette
Chauffeur de bus jusqu’à la retraite.
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12. |
Side line
04:38
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SIDELINE
En région ils sont légion
Les Gérard les Gaston
Ce ne sont pas des caves dans leur cave
Ils font tourner leur roue
Ils travaillent pour des cennes
C’est la faute au système
Car c’est la récession
À l’année en région ;
Ils se dégotent un sideline
C’est l’histoire de leur vie
Et quelle vie mes amis
Qu’ils partagent entre amis
En campagne tout le monde
Eh oui même les blondes
Font quelque chose de leurs mains
Au service du prochain.
Sideline sideline
Ça de l’air d’un bon sideline.
Et je songe à Manon
Qui jamais ne dit non
Peu importe comment
Où et n’importe quand
Avec qui elle s’en fout
Qu'ils soient blond brun ou roux
Pourvu qu'ils aient le sou
Et qu'ils ne soient pas trop saouls.
Et je pense à Ti-Guy
En Abitt à tibi
Qui s’en sort de la mine
Puis qui retrouve sa bonne mine
Il répare des TV
Il faut se permettre de rêver
Bien sûr je suis coupable
Cent piastres en dessous de la table.
Il y a aussi Anthony
S'il est un peu fifi
Il a trouvé son créneau
Il fait dans la déco
Quelque part sur la Côte-Nord
Où les homos sont rares
Il a trouvé une mine d’or
Les maisons il décore.
Il faut voir mon oncle Pierre
Vendre ses kits de bière
Puis sa femme pour se mettre riche
Elle fait des potiches
Un petit couple assorti
De plus en plus nanti
Elle fournit les bocks
Lui il les remplit de stock.
Sideline sideline,
Ça de l’air d’un bon sideline.
Dans ma ville les bougons
Quand ils sortent de leurs gonds
Qu’ils voient qu’être B.S.
C’est une vie de pauvresse
Ils passent les publi-sacs
Pour se sortir du cul-de-sac
En panier d’épicerie
La femme et son mari ;
Il n'y a pas de sot sideline
Pas de honte aucune gêne
Ils apprennent à travailler
Pas vite vite mais c’est assez
Ce qui compte c’est l’intention
Mais il faut faire attention
Asteure il faut leur montrer
Qu’ils apprennent à déclarer.
Puis il y a moi dans mon bled
J’ai essayé de faire des sheds
J’ai construit des mangeoires
À oiseau par les soirs
Puis des niches à la pelletée
Même des maisons hantées
Mais j’étais tellement pioche
Tellement tout était croche ;
Et puis un beau matin
Voilà-ti pas le beau Martin
Il me dit ça pas de bon sang
Il faut en faire une chanson
Eurêka ! j’ai trouvé
Je vais me mettre à composer
Çe n’est pas avec ça que je vais me mettre riche
Mais Dieu sait que je m’en fiche.
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13. |
Les Cajuns de 2050
04:04
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LES CAJUNS DE VINGT-CINQUANTE
Les Cajuns de vingt-cinquante
S’appelleront Delaney
Lefort Aucoin Fiset
Cormier Haché Larade
Les Cajuns de vingt-cinquante
Doucet Gallant Leblanc
Vivement que je les chante
Ceux de l’îlot Chéticamp
Les Cajuns de vingt-cinquante
S’appelleront Bugons
Brasseau Breaux Arseneault
Audrey Chandler Foucault
Les Cajuns de vingt-cinquante
Deville Hébert Conrad
Vivement que je les chante
Ceux de l’îlot Lafayette
Les Cajuns de vingt-cinquante
S’appelleront par leur nom
Le feront-ils en leur langue ?
Le feront-ils en grand nombre ?
Les Cajuns de vingt-cinquante
De mémoire et d’espoir
Vivement que je les chante
Ceux de l’îlot Acadie
Las Cajuns de vingt cinquante
Se nommeront-ils Tremblay
Gagnon Roy ou Fortier
Bouchard Morin Gauthier
Les Cajuns de vingt-cinquante
Lavoie Fortin Gagné
Vivement que je les chante
Ceux de l’îlot en Québec
Les Cajuns de vingt-cinquante
S’appelleront par leur nom
Le feront-ils en leur langue ?
Le feront-ils en grand nombre ?
Les Cajuns de vingt-cinquante
De mémoire et d’espoir
Vivement que je les chante
Les Cajuns de vingt-cinquante
S’appelleront par leur nom
Le feront-ils en leur langue ?
Le feront-ils en grand nombre ?
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14. |
La 73
04:22
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LA 73
Samedi matin
La soixante-treize
Direction nord
À Saint-Isidore
Une auto roule
Dans le rétro
Elle me dépasse
En me grafignant
À cent cinquante
Kilomètres-heure
Elle se range
En zigzaguant
Et dans la courbe
La petite championne
Heurte la bête
Sur le panneau
Cent cinquante pieds
Dans le caniveau
Un orignal
Sur le dos
Un mouvement brusque
In extremis
Ramène l’engin
Sur le pavé
Avant devant
Le train routier
Amour périlleux
Tant ils se frôlent
Allô allô
Monsieur l’agent
Bientôt la tôle
Amalgamée
Le 911
Au creux d’une main
Une façon
De tendre la main
Je vois devant
Un véhicule
Faites vite plus vite
Ou c’est la fin.
Lundi matin
À Saint-Joseph
Maître un tel
Et son client
Maître un autre
Et ses clients
Récidivistes
De l’alcool
Et mère et père
Et frères et pairs
Tant c’est sincère
Ces amours-là
Pendant ce temps
À la radio
Maître Gaston
S’est prononcé
Radio poubelle
Fait la nouvelle
Vous êtes coupables
Toute la famille
Tellement c’est simple
Dans un studio
Et toi la mère
De travailler
Ton garnement
Braque une banque
Et tu te fends
Inutilement
À huit neuf ans
C’était inscrit
Et oui déjà
Dans son karma
Âme perdue
Et vagabonde
Il n’y a rien à faire
C’est une bombe
Heureusement
Gaston a tort
Malheureusement
Le juge aussi.
Et le client
Pas mécontent
En innocent
Reprend la route
En guise d’entracte
À la chanson
Un petit détour
À la taverne
Toutes les raisons
Sont bonnes à boire
De faire la fête
À en perdre la tête
Entracte ! Une bière
De trop mes clés
Direction
La 73
À cent à l’heure
Sur le boulevard
Ti-Jos Bernard
Se prend pour le king
Fie de l’enfant
Sur le panneau
Qui lui demande
De ralentir
Et dans la courbe
Notre héros
Heurte la bête
Sur son vélo
Ti-Jos se retrouve
Sur le pavé
Amalgamé
À la bicyclette
Mais il respire
Et lui l’enfant
Éparpillé
Ne rira plus
Samedi matin
Dans l’Éclaireur
Papa maman
Un trou dans le cœur.
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